
“Comment? Toi as le Covid, avec tout le yoga que tu fais?” “Purée tu es toujours positive? tu vois que ca sert a rien ces vaccins !” “tu sais le cousin du cousin d’Arthur est reste positif des mois! sans sortir!”
Si seulement les esprits fermés venaient avec des bouches fermées !
Dans cette très etrange periode que nous traversons tous, être positif au Covid suscite beaucoup d’emotions. La gratitude d’être vacciné et se dire qu’ Omicron est de toutes façons moins méchant que son predecesseur. La crainte de devenir l’agent contaminant de toute la famille et au delà. L’inquiétude d’être toujours positive après 2 semaines, en se demandant combien de temps on va encore tousser comme un phoque et avoir la tête dans un etau. Confinée pendant 10jours, j’allais avoir tout le temps de ruminer..
Un mal pour un bien. Je venais de boucler l’excellent cours de Mark Brackett ” Managing Emotions in Times of Uncertainty & Stress” (Yale center for Emotional intelligence). Parfait timing pour appliquer ses enseignements!
Les émotions sont des informations fascinantes qu’il serait dommage de faire taire. Professeure de yoga, je sais que les maux du corps sont autant de mots non prononcés. Le stress se recroqueville souvent dans la machoire, le bas du dos, les intestins, les hanches. Si au lieu d’agir sur les symptômes on s’interressait enfin aux causes?
Mark Brackett part du constat que le stress influe sur notre sante mentale et physique mais aussi sur nos relations, nos performances, notre creativité et notre capacite à prendre des decisions. Pour revenir à un état de calme, il faut commencer par reconnaitre et exprimer nos emotions: “Apprendre a les nommer c’est apprendre à les apprivoiser”. On decouvre l’importance de developper son vocabulaire pour les identifier le plus precisemment possible, être en colère peut en fait cacher d’autres émotions comme la tristesse, la frustration, la peur. Plus on developppe notre vocabulaire emotionel, plus on devient capable de comprendre et reguler nos sentiments.
Une fois nos emotions exprimées, Brackett propose de les reguler à la manière d’un coach sportif: que veut on faire de cette emotion? la garder ou la faire passer au dessus du filet? une fois le but fixé, qu’elle strategie utiliser pour l’atteindre?
Si l’emotion est desagreable, la strategie consiste a developper des techniques de resilience pour calmer son systeme nerveux (activer le systeme parasympathique) la transformer en un sentiment positif. C’est apprendre a se parler comme on parle a son meilleur ami, a pratiquer l’autocompassion en “s’autorisant a ressentir“: s’accorder des pauses, se deconnecter du brouhaha de nos pensees pour se recharger, prendre soin de soi mentalement et psychologiquement. S’autoriser a ressentir, comme J’insisterai aussi sur la dimension physique: pratiquer un sport, bien se nourrir et bien dormir.
Simple, oui. Facile? non. L’introspection n’est pas une activite naturelle dans nos cultures. Reconnaitre que l’on est epuisé et qu’on a besoin de se sentir ecouté est un premier pas. Mais comment l’exprimer ? Comment réguler ce stress et la tristesse qui peuvent nous envahir? C’est la que je realise l’ironie de mon sort: je dois a ce covid l’opportunite de prendre du temps juste pour moi sans culpabiliser!
Au fur et a mesure du cours et des exercices, j’ai constaté qu’apprecier mes propres emotions me permet de comprendre plus facilement celles des autres. Le cours nous enseigne egalement à etre un “observateur scientifique des émotions” des autres, à écouter sans chercher à intervenir, a offrir son temps sans chercher à “reparer” la personne qui se confie à nous. “La comprehension de l’autre est l’autre nom de l’amour”, disait Thich Naht Hanh.

Cette pause Covid m’a reconnectée avec mes envies et eclairci mes perspectives. La vie est pleine de ces moments de perte de confiance, de doutes, de transitions en tous genre. Savoir utiliser des outils de regulation sociale et emotionnelle est le plus important des cadeaux a se faire, et a faire a nos enfants. En effet, à quoi cela sert d’avoir une tête bien faite si nous ne sommes pas capables de rebondir apres un echec ou d’apprivoiser nos craintes et nos doutes?
Developper un esprit de croissance n’est pas inné. Le fameux “growth mindset” s’apprend, et necessite un travail sur soi en continu. Mais quelle satisfaction que de passer les caps, de realiser nos capacites et de sentir qu’on avance! Rephraser, mettre les choses en perspectives – le fameux “est ce que ce sera encore important dans 5 ans?”, sont autant de techniques simples et efficaces. A condition de les pratiquer avec intention et attention. Et sans se prendre trop au serieux non plus.
D’ici la, restez connectes! Yale m’a non seulement aide a naviguer sur les vagues du Covid, mais a surtout confirmé ma passion pour mon nouveau projet professionel…
Ah, les esprits fermés… En rapide augmentation? 😉
Nouveau projet? J’ai lu un peu vite, mais j’ai pas vu quoi…
C’est une surprise?
A+